Emma, déclarée folle, incomprise de tous, se réfugie dans son passé, sa langue. Seule Flore, son interprète, pourra délier l'écheveau de souvenirs qui noue la gorge d’Emma. Ensemble elles démêlent le fil de la mémoire, de ces vies qui s’enchaînent fatalement depuis que Kilima, l’aïeule bantoue, a été arrachée à sa terre natale. L’intensité des relations tissées entre les générations va crescendo vers un dénouement accepté comme une évidence.
Marie-Célie Agnant aménage des pauses dans les atmosphères les plus tendues, elle entretient son récit avec tous les registres, de l’émotion à l’ironie. La retenue dans l’écriture nous protège de la violence de ces amours maternelles bafouées; la distance entretenue entre le lecteur et la tragédie dispense du jugement: la culpabilité peut enfin faire place à l’innocence.